Nous sommes repartis à toute vitesse,
la suspension dans le plancher (littéralement car la suspension
arrière de notre nouveau-- lire très vieux-- camper se fait aller à
chaque cahot). Nous avons fait notre chemin entre Christchurch et
Akaroa en appréciant les paysages néo-zélandais de toute beauté,
avec des collines verdoyantes et plusieurs champs de moutons,
certains ayant encore leur rembourrage d'hiver, d'autres ayant l'air
un peu frileux dans leur habit d'été.
Nous montons notre premier camp pour la
nuit, nous sommes dans un camping/ferme de moutons. Les aléas de la
beauté sauvage sont présents, Simon améliore l'odeur de sa
chaussure en marchant dans un crémage moutonnier. C'est bien
paisible, mais l'air pure de l'endroit n'a pas main forte sur la
température qui chute une fois le soleil ayant tiré sa révérence.
J'ai l'air d'un enfant de deux ans que ses parents ont emmitouflé
avec un gros foulard et dont le capuchon l'empêche de bien faire ses
angles morts, c'est mon kit « nuit froide néo-zélandaise ».
Au matin, avec le soleil qui nous fait
fondre le frimas accumulé sur nos paupières, nous sommes prêts
pour notre randonnée de plaisance. C'est plaisant, sauf que les
mollets protestent avec force dès la première rencontre avec la
côte éternelle, qu'ils devront affronter avec volonté durant les
deux prochaines heures. Nos yeux, à l'autre bout de notre corps,
n'entendent pas les protestations et profitent des nombreuses pauses
pour bien mémoriser ce magnifique panorama.
Puis, c'est l'heure du dîner et la
suite des choses, sur le dessus de la piste adéquatement nommée
« skyline », nous profitons de la journée en ayant
repris un bon pas. Nous passons parmi plusieurs bosquets de fleurs
jaunes printanières, douces au regard, mais épineuses pour nos
mollets déjà si éprouvés.
L'heure des genoux est venue et nous
entreprenons la descente pour près d'une heure et demie. Nous avons
dû faire face à un dangereux prédateur de chevelure brune. Un
oiseau fonce droit sur moi en criant! Il est passé si près que j'ai
émis un cri aussi puissant que le sien, assez que Simon croyait
qu'il m'avait effectivement touchée. Je suis un peu ébranlée par
cet assaut aérien, je mets mon capuchon pour un moment, mais dès
que je le redescends, l'angry bird fait une deuxième tentative! Moi
qui pensait que la Nouvelle-Zélande n'avait aucun animal dangereux,
erreur, les oiseaux sont violents.
Je me suis remis de mes émotions avec
un arrêt à la fromagerie locale, où nous avons essayé leur
meilleur fromage. Ce ne sont pas les crottes de fromages québecoises
dont Pascale et moi faisions un classement lors de notre tournée
des régions du Québec, mais c'est quand même bien savoureux. Bon,
c'est un peu inquiétant quand nous croisons le camion « pest
control » à la sortie, mais notre estomac a tenu le coup,
après l'Inde et l'Asie, rien ne peut le perturber.